Située dans le Nord-Ouest de la dorsale Rgueïbat qui est connue par sa grande diversité lithologique et structurale, le Terrane Archéen de Tasiast-Tijirit est traversé par plusieurs générations de dykes mafiques (d’âges, d’orientations, d’épaisseurs et de compositions chimiques différents) intrusifs au sein des formations granito-gneissiques et des roches supracrustales. Ces dykes, résultent généralement de plusieurs périodes d’extension associées à des remontées magmatiques d’origine mantellique qui traversent la croute terrestre, et sont considérés comme des vestiges des grandes provinces ignées (LIPs) du Précambrien. Ils constituent un outil incontournable pour mieux retracer les évènements géologiques qui ont affecté le socle Archéen. Le but de ce travail est de caractériser la pétrogenèse et l’évolution géodynamique des dykes mafiques, sur la base des études pétrologiques, géochimiques, géophysiques et de télédétection. L’approche basée sur le traitement des images satellites Landsat 8 et Google Earth^TM, ainsi que des observations de terrain a permis de définir l’étendue des dykes mafiques de l’Archéen de la dorsale Rgueïbat. L’analyse géométrique et statistique qui découle de cette étude, montre globalement quatre types majeurs de dykes mafiques repartis selon les directions : NE-SW à NNE-SSW, NW-SE à WNW-ESE, E-W à ENE-WSW et N-S. Le modèle chronologique qui a été établi suppose que les dykes de tendances NE-SW à NNE-SSW forment la première génération. L’analyse conjointe des données géophysiques de haute résolution aéromagnétique et radiométrique a produit une carte géologique détaillée, dans laquelle les divers traitements de données magnétiques ont permis de faire une cartographie précise des essaims de dykes mafiques, en particulier ceux qui sont cachés par les dunes de sables et les roches sédimentaires. L’utilisation des données radiométriques a permis de délimiter les zones enrichies en potassium susceptibles de correspondre à des altérations potassiques qui pourraient être associées à l’activité hydrothermale et au dépôt de gisements miniers. L’étude pétrographique des dykes mafiques a permis de déterminer leur variation structurale et minéralogique. Ces roches sont formées essentiellement de gabbros, de gabbrodiorites, de gabbronorites, de dolérites et de gabbro-dolérites. Ces lithologies présentent des paragenèses minérales homogènes. La minéralogie primaire est représentée par des plagioclases, hornblende, le quartz, l’apatite, l’ilménite, l’olivine et la biotite. La paragenèse secondaire est dominée par le chlorite, l’actinolite, la séricite, l’albite, le sphène et des oxydes opaques, provenant essentiellement des processus d’altération des minéraux précédents. Géochimiquement, ces roches ont des compositions basaltiques à andésitiques de nature sub-alcalines. Les différents diagrammes de discrimination géotectonique des éléments en traces et des terres rares montrent des suites basaltiques de LIP continentales qui prennent naissances à partir d’une source de magma mafique enrichi en terres rares légères (LREE), issue probablement d’un manteau lithosphérique métasomatisé par des processus de subduction.